Inspirées de la petite poupée de Vassilissa,
conte évoqué par Clarissa Pinkola Estés dans son livre "Femmes qui courent avec les loups".
Rennes, Novembre 2015
Qu’est-ce que dit le pinceau aujourd’hui ?… un petit tour sur la place Hoche, près du manège qui tourne, tourne, avec dedans, les petits enfants sérieux, les petits enfants vivants et les parents, les regardant, les bras ballants. Un coup de vent et j’attrape au vol ce trésor du bouquiniste. ! « Femmes qui courent avec les loups ». Bonjour, Clarissa Pinkola Estés ! Merci de me raconter la perle cachée dans l’histoire de la petite Vassilissa et de la sorcière Babayaga…
Il était une fois et une fois il n’était pas…
Une jeune mère qui gisait sur son lit de mort… Mourante, elle appela Vassilissa, et sa petite fille aux bottes rouges et au tablier blanc vint s’agenouiller auprès d’elle.
« Voici pour toi une poupée, mon amour, ce sont mes dernières paroles, si tu perds ton chemin ou si tu as besoin d’aide, demande ce que tu dois faire à cette poupée. Tu seras assistée. Garde toujours la poupée avec toi. N’en parle à personne. Nourrie la si elle a faim. Elle te vient de ta mère, c’est ma bénédiction ma chère enfant »
Vassilissa est un conte russe que l’on retrouve dans tous les pays baltes et qui raconte l’initiation d’une femme. Vassilissa traite de la transmission de mère en fille, de l’intuition féminine, d’une génération à l’autre. L’intuition, ce pouvoir formidable, se compose d’une vision intérieure, d’une écoute intérieure, d’une connaissance intérieure, du fait de sentir de l’intérieur, et le tout se fait à la vitesse de l’éclair.
Ce conte représente une carte psychique ancestrale de l’accès au monde souterrain de la féminité sauvage. La poupée guide Vassilissa dans l’obscurité jusqu’à la maison de la sorcière Babayaga.
Accepter de s’aventurer jusqu’au lieu de l’initiation profonde (pénétrer dans la forêt) et commencer à faire l’expérience du numen nouveau, ressenti comme un danger, que représente le fait de dépendre de sa propre intuition. Apprendre à développer sa sensibilité en direction de l’inconscient mystérieux et à se reposer sur ses sens. Apprendre le chemin du retour vers la mère sauvage (suivre les instructions de la poupée). Apprendre à alimenter son intuition (nourrir la poupée). Laisser mourir encore un peu plus, la fragile et ignorante jeune fille. Transférer le pouvoir vers la poupée, c’est à dire l’intuition.
Les poupées sont l’un des trésors symboliques de la nature instinctuelle. Elle représente la vidacita, la petite force instinctuelle, à la fois acharnée et endurante.
Les poupées représentent des homunculi symboliques, des petites vies. C’est le symbole de ce qui, chez les êtres humains, est lumineux, et se trouve enterré ; un fac-similé en minuscule du Soi originel.
La poupée représente une petite part d’âme qui porte toute la connaissance de la grande âme.
La poupée est un symbole proche des lutins, des elfes, des gnomes, des fées, des nains. Dans les contes de fées ceux-ci représentent la sagesse. Sans relâche ils poursuivent leur tâche en nous.
La poupée ressemble au petit oiseau des contes de fées qui chuchote à l’oreille de l’héroïne pour révéler l’existence de l’ennemi caché et ce qu’il faut faire à son sujet.
Une mère ne peut faire à sa fille de don plus précieux que celui de savoir écouter son intuition. Être liée à sa propre intuition fait naître un intense sentiment de confiance à son égard, quoi qu’il arrive.
Les poupées sont utilisées comme talismans. Les talismans servent à rappeler ce qu’on sent mais ne voit pas. Cette fonction intuitive appartient à toutes les femmes. C’est une réceptivité qui donne accès immédiat à une sagesse profondément ancrée dans les femmes jusqu’à la moelle des os.
Extraits du livre « Femmes qui courent avec les loups » de Clarisa Pinkola Estés
Ces poupées sont venues au bout de mon pinceau me dire quelque chose de la vie innocente, de la vie sauvage, de la vie pas sérieuse , de la vie qui chante et qui danse et qui pleure aussi, la vie fragile, la vie qui tangue, la vie qui regarde droit dans le yeux, la vie qui na pas peur de la peur, la vie qui croustille de couleurs et de petits traits qui se chevauchent et s’entrecroisent, ….
Ces poupées sont pour toutes les petites filles et les petites femmes et les grandes et aussi les moyennes qui devinent de quoi il s’agit sans forcément savoir, sans forcement y croire… juste pour le plaisir d’un regard complice.
Flore Angèle